Apidictor
Feu E.F.Woods était l'inventeur de l'Apidictor.
Les ingénieurs du son connaissent un phénomène connu sous le nom d'« effet cocktail ». C'est la capacité du cerveau humain, dans une pièce pleine de gens qui bavardent, à distinguer et à se concentrer sur une conversation, pas nécessairement la plus forte. Eddie était doté de cette capacité et cela lui a bien servi lorsqu'il écoutait le méli-mélo de sons que son microphone captait dans la ruche.
Un son qui a attiré son attention était une sorte de bruit de gazouillis qui variait entre les notes A et Do dièse ; c'est 225 – 285 Hz en termes de fréquence. Il a remarqué que ce son devenait de plus en plus fort, puis il s'est arrêté et un jour ou deux plus tard, un essaim a décollé.
Finalement, il a décidé que cela était produit par les abeilles nourricières âgées de 4-1/2 à 6 jours, son raisonnement étant le suivant :
Dans une colonie normale, il y a environ 4 000 abeilles nourricières, dont la moitié nourrissent le couvain et l'autre moitié la reine, qui mange 20 fois son propre poids en une journée.
Lorsqu'une colonie décide d'essaimer, sa première action est de réduire l'approvisionnement en nourriture de la reine afin de l'amincir pour qu'elle puisse voler. Cela met certaines des abeilles nourricières au chômage et réduit sa ponte. Par conséquent, quelques jours plus tard, il y a moins de larves à nourrir, donc plus d'abeilles nourricières deviennent au chômage et tout le processus est progressif.
Les nourricières doivent se débarrasser de l'énergie qui irait dans la production de nourriture, elles se tiennent donc probablement là à faire de l'exercice en battant des ailes, en éventant en fait, mais comment expliquer la fréquence particulière ?
En vol, une abeille adulte bat des ailes 250 fois par seconde, mais lors de l'éventail, elle saisit le rayon et cela ramène la fréquence à 190 Hz. (Hz est juste une abréviation de Hertz, qui est le mot de l'ingénieur pour « fois par seconde ».) Cependant, les ailes d'une jeune abeille ne durcissent pas complètement avant l'âge de 9 jours et jusque-là, la fréquence de résonance est plus élevée. Il se peut que les ailes de 4-1/2 jours résonnent à 285 Hz et celles de 6 jours à 225 Hz et que le son soit un mélange de fréquences uniques plutôt qu'une collection de gazouillis d'abeilles individuelles.
Eddie a construit un simple amplificateur de fréquences audio avec un microphone et un casque et a intégré ce que l'on appelle un filtre passe-bande. Cela a permis à la bande de fréquences 225-285 Hz de passer à l'oreille et a bloqué le reste, ce qui a facilité l'écoute.
Notez que la fréquence de vol de 250 Hz se situe dans cette bande, c'est pourquoi les tests doivent être effectués le soir après l'arrêt du vol.
Eddie a souligné que le gazouillis n'indique pas nécessairement un essaim ; cela indique que la reine a cessé de pondre et il pourrait y avoir d'autres raisons. En tout cas, cela signifie qu'une inspection du nid de couvain est nécessaire.
Si vous donnez un coup à une ruche avec la paume de la main, les abeilles vous sifflent et c'est quelque chose qu'Eddie écoutait très attentivement. Dans des conditions normales, c'est un bruit court et aigu, d'une durée d'environ 1/2 seconde, commençant et se terminant assez soudainement ; les abeilles sont vigilantes et défensives. Si un essaim est en vue, les abeilles sont d'humeur joyeuse, le son n'est pas si fort, montant et descendant moins brusquement. Eddie a décrit cela comme un son de loyauté et il a installé un autre filtre pour aider à le distinguer.
Avec cet instrument, il a découvert qu'il pouvait obtenir jusqu'à trois semaines d'avertissement des préparatifs d'essaimage et a été alerté 10 jours avant le début des cellules royales.
Il a équipé l'instrument d'un commutateur à 3 positions pour écouter le bruit normal de la ruche, le gazouillis et le sifflement. Avec des améliorations supplémentaires, il l'a appelé l'Apdictor, l'a breveté et l'a commercialisé en 1964, en vendant environ 300 exemplaires dans le monde.
La raison pour laquelle il n'a jamais pris, je suppose, est que la plupart des apiculteurs étaient non techniques et très conservateurs. Combien de fois les avez-vous entendus dire : « C'était assez bon pour mon père et c'est assez bon pour moi » ? Néanmoins, les apiculteurs qui l'ont maîtrisé ont juré par lui et certains sont encore utilisés aujourd'hui, 36 ans plus tard. L'année dernière, j'ai contribué à la résolution de défauts pour deux utilisateurs qui souhaitaient vivement que les appareils défectueux fonctionnent à nouveau.
Aujourd'hui, nous vivons dans un monde plus technique avec des progrès dans la miniaturisation, les puces, etc. et je pense qu'un tel instrument serait plus acceptable.
En effet, ma vision est celle d'un détecteur dans chaque ruche avec un petit émetteur qui renvoie un signal à la base chaque fois que le gazouillis dépasse le niveau critique.
Ayant « hérité » de nombreux documents d'Eddie, j'ai pu étudier son travail au fil des ans, j'ai écrit un petit livre à ce sujet et je peux fournir des données techniques si quelqu'un a un Apidictor qui a besoin d'être réparé."
– T.R. Boys
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